[2012] Elementary

Hum... Il faut l'avouer, l'écriture est pauvre. Ce n'est que le pilote donc je vais essayer avec le premier épisode, mais ça m'a laissée un peu confuse. Tout se passe très vite, la situation n'est pas très claire, les personnages originaux semblent maladroits, et donc peu mémorables (même s'ils étaient assez intéressants quand ils apparaissaient) - par exemple, le sergent (ou quel que soit l'équivalent américain) qui aide Gregson, j'aime bien son scepticisme mais je ne sais pas vraiment ce qu'il fait là...

Le Holmes de JLM me plait. Moffat et Gatiss avaient pris le personnage un peu maussade, qui évoque toujours l'époque victorienne, et l'avaient mis au XXIème siècle. Cet Holmes est plus moderne, si c'est possible. Le but me semble être « le Holmes du XXIème siècle » au lieu de « Holmes au XXIème siècle » ; parfois ça réussit, parfois non (également pour Sherlock ; parfois ça réussit, parfois non). Notamment, cet Holmes ne dit pas aux autres ce qu'il pense, et s'attend à ce que tout le monde coure après lui jusqu'à ce qu'il soit prêt à révéler ce qu'il a déduit. En attendant, il fait des gestes vraiment bizarres, par exemple la scène dans la BA où il renifle le parquet. Ça m'évoque vraiment les nouvelles de Doyle. Il a également des curiosités assez adorables, par exemple, il écrit un livre dans sa tête, sur les abeilles, et il est sensible à la musique.

Alors je dirais que JLM s'en sort bien. Son Holmes n'est pas sans problèmes mais à mon avis c'est la faute des scénaristes. Je ne suis pas sûre si cet Holmes n'est pas trop impétueux. Je sais que dans les livres il n'aime pas avoir tort, et il déteste l'injustice. Pour cette raison je dirais que c'est possible qu'il détruise la voiture de Watson pour exprimer sa colère contre un tueur qui s'échappe parce que Holmes n'a pas de preuves pour l'accuser - même si c'est peu probable. Pourtant, j'ai trouvé ça un peu ridicule quand il s'est mis en colère contre une femme qui lui ment, il part comme une tempête infantile, et Watson réussit à savoir la vérité avec sa douceur et ses compétences sociales. Le Holmes de Doyle était un merveilleux comédien, ça n'arriverait pas ! Comme j'ai dit ce n'est pas la faute de JLM, je le trouvais amusant dans ces scènes, mais je me grattais la tête.

Ensuite, le plus grand problème de tous. Je crois que le Holmes de Doyle a peur des relations personnelles. L'équipe d'Elementary a pris cette approche, ce que je trouvais intéressant... puis ils l'ont complètement f****e. Watson entre chez Holmes, elle dit, « Je viens de voir partir une femme. Vous planiez ensemble ? » et Holmes répond, « Oui, à six pieds en dessus du sol » (d'acc....ord... je n'abandonne pas encore, même si je trouve ça bizarre, et la manière dont Holmes juge la personnalité d'un tueur par rapport à sa préférence pour la 'Soumission [Sub]' ou la 'Domination [Dom]' m'a déroutée)... puis il se met à déclarer qu'il déteste le sexe mais il le fait pour nourrir son corps. Intéressante comme explication mais pourquoi est-ce qu'il le dirait tout de suite à Watson, juste parce qu'elle est sa compagne ?! On apprend plus tard la raison. On l'apprend quand Watson est en train de l'interroger sur ce qui l'a poussé à quitter Londres. Selon ses réponses, elle conclut que c'était une femme, et elle dit, « Vous faites trop d'effort. Tout comme quand vous m'avez dit que vous trouvez le sexe répugnant. Là aussi vous faisiez trop d'effort. » C'est intéressant d'un point de vue psychologique mais l'idée que Watson lise Holmes aussi vite est très loin de Doyle ! Sans parler de l'idée que Holmes vienne à New York pour fuir une ex-amante (ou pas, si c'était ça le problème!). Ja-MAIS !

Et Holmes qui lit Watson ? Là aussi, des problèmes. Il utilise Google pour lui parler des aventures de son père (le père de Watson) pour la distraire quand elle mentionne Londres. (La BA nous a fait mal comprendre ce qu'il a cherché sur Google.) Le Holmes de Doyle ne ferait pas ça, c'est cruel. (Je sais que le Holmes de Sherlock est cruel, trop cruel à mon avis, mais du moins il est constamment cruel... cet Holmes me semble presque bipolaire!) Il déduit que Watson était chirurgienne selon le parfum de ses mains... J'ai eu la forte impression que les scénaristes ne savaient pas du tout ce qu'ils faisaient. Holmes déduit justement pourquoi Watson a quitté son poste comme chirurgienne (radiée) - et là, ses raisons sont plus croyables - mais il invente une histoire et la présente comme sa déduction... pour ne pas la blesser. Je sais que je viens de dire qu'il dit des choses cruelles... mais là, je n'ai aucun doute que Holmes ne mentirait pas, il dirait la vérité, et non pas pour blesser mais simplement parce qu'il dit la vérité et c'est tout. J'étais très choquée, surtout parce que par la suite, il a débité sa vraie conclusion, d'un ton méchant comme pour énerver Watson. Toujours, ce n'est pas le jeu de JLM, c'est l'écriture.

Les autres déductions sont moyennes (« Vous n'aimez pas votre travail ; je le sais parce que vous avez deux réveils » ; assez perspicace mais ça nécessite pas de don spécial) et pendant tout l'épisode j'avais l'impression qu'ils souhaitent suivre le chemin de « Watson qui devient indispensable à Holmes... en se montrant plus maligne que lui, ou du moins, en se montrant qu'il y a d'autres façons d'être maligne ». J'aime qu'ils aient gardé la nécessité de Watson mais ils ont mal compris la nature de la relation. Ce n'est pas parce que Watson est plus malin, plus social ou plus émotif que Holmes (bien que le Watson de Doyle soit tout ça, dans certaines façons), qu'il lui est indispensable, mais parce qu'il représente le londonien ordinaire, tout en admirant Holmes sincèrement et en lui restant fidèle. Pourtant, par exemple, dans cet épisode, c'est Watson qui réussit à faire parler à cette femme qui ment à Holmes ; Watson lui fait parler en se montrant sensible et en la défendant contre Holmes, qui est très directe, maladroit et manifestement irrité. Plus tard, c'est Watson qui trouve l'indice le plus important - pendant que Holmes est en prison, pour avoir détruit sa voiture. C'est Holmes qui explique l'importance de cet indice, oui, mais dans les livres ce n'est jamais Watson qui le trouve. Ça fait un peu comme « Cette fois où c'était Watson qui enquêtait » mais je suis sûre qu'on n'a pas l'intention de créer une parodie perpétuelle...

Quant à Watson elle-même... C'est un personnage assez intéressant qui joue le rôle de John Watson mais qui n'est pas du tout le même personnage. Elle fait tout ce qu'on attendrait de Watson. Un point très fort : elle maîtrise très bien les Expressions Watson (« qu'est-ce qu'il a fait cette fois... » et « je mérite une médaille pour ma patience » et « Holmes, c'est du n'importe quoi »). Mais on ne sait presque rien d'elle, et le fait qu'on ait complètement changé son passé coupe les liens avec le personnage de Doyle. Ne me méprenez pas, je ne critique pas le choix d'avoir une Watson américaine. Je la trouve drôle, et suffisamment complexe de ce que j'ai vu... mais vu que c'est de son point de vue, on n'apprend pas assez à son sujet (je crois que c'est parce qu'on essaie de mettre le meurtre en avant, et ainsi on élude la question de la vie de Watson). Watson chirurgienne ? Ça ne colle pas si on ne sait pas pourquoi elle aimait son métier (Holmes essaie de faire un parallèle entre un crime et une opération, mais je ne m'en souviens pas, sauf que c'est maladroit, surtout parce qu'elle halète en voyant le cadavre de la victime). Chirurgienne radiée, en plus ? Ça ne colle pas si on ne nous fait pas voir pourquoi elle a fait une erreur, et ce que ça lui représente. Compagne ? Je suis perdue ! Une Watson qui se fait payer pour être une babysitter pour Holmes ? Par le père de Holmes (qui vient de...??? ça pue le fils prodige). Quelle que soit la nature de leur partenariat, il ne commence pas comme ça !

À mon avis la série essaie de tracer une ligne entre l'héritage littéraire de Conan Doyle - des histoires, presque des mythes, où on voit l'enquête des yeux de l'ami indispensable du détective un peu fou - et son genre évident, la Série Policière Américaine, où on voit toujours l'enquête des yeux du détective. Ce n'est pas forcément difficile de rédiger une série policière américaine du point de vue du personnage secondaire, mais ce n'est pas facile non plus, et je crois qu'ils ont suivi la vague de Sherlock Holmes sans y penser.

Pour cette raison, même si plusieurs détails individuels sont assez ingénieux, il y a quelque chose qui manque : le fil rouge, la colle, ce qui lie tous ces éléments. Je n'ai pas ressenti l'affinité entre Holmes et Watson, même si je les trouve tous les deux assez agréables. Le petit échange au début, où il récite, « Crois-tu au coup de foudre ? » et ça finit par être un dialogue qu'il a mémorisé - ça ne marcherait que s'ils allaient découvrir plus tard que c'était le coup de foudre, et 1) ils ont dit qu'il n'y aura pas de romance ; 2) je ne crois pas que les américains soient assez subtils pour un coup de foudre amical. J'ai l'impression qu'ils essaient de créer une amitié qui se développe assez lentement, et très bien, je suis intéressée à voir ça, mais ils devraient sérieusement rendre leurs intentions plus claires parce qu'ils m'ont laissée vraiment perplexe.

Je trouve JLM joue bien ainsi que Lucy Liu, ils campent très bien les personnages mais c'est l'ambiance qui ne va pas.
Bon j'ai pas compris la totalité pour l'instant mais là, je n'ai pas la même attitude que lorsque je regardais Sherlock pour la première fois.
Des fois, il y a des trucs que je trouve absurde par ex : la scène avec les cinq ou six télévisions...Je vois pas ce que ça fout là.
C'est pas que j'aime pas la série au contraire je suis plutot contente de voir un autre Holmes moins froids et UNE Watson ( vive la gente féminine !! ). Mais le scénario est lourds voire trop...je sais pas...comment dire.

Des abeilles !!! Trop cool ! Là ça me dépasse !!

Le pilote de la série télé américaine Elementary
sera diffusé ce jeudi aux états-Unis sur CBS. Nous avons pu le voir en avant-première.
C’est très bien. Rien à voir avec la série BBC Sherlock (et c’est tant mieux). Nous vous
en ferons une présentation détaillée la semaine prochaine.
Pour l’heure, notez que trois autres épisodes sont annoncés pour la première saison qui devrait
en compter treize :
- épisode 2, diffusion le 4 octobre, intitulé While You Were
Sleeping. Sherlock enquête sur l’assassinat d’un jeune homme abattu à l’entrée de son appartement.
Pendant ce temps, Watson dîne avec son ex-petit ami qui s’appelle Ty... Morstan ! élémentaire...
- épisode 3, diffusion le 18 octobre, intitulé Child Predator ouThe Rat Race.
- épisode 4, date de diffusion inconnue, intitulé Lesser Evils.
T. S._J.